6. Ténèbres Acte II

Je me sens…léger.

Je reconnais cet endroit ! Ah, j’ai très certainement du m’endormir… Les ténèbres, la brume… Le canapé… La bestiole va très certainement me refaire son spectacle sons et lumières.

Je m’approche du poste de télévision, appuie machinalement sur l’interrupteur. Je ne veux même pas la regarder en fait, mais il n’y a rien d’autre à faire ici. Je pose mon arrière train sur les coussins défoncés du canapé.

Les images sont troublantes. Un chirurgien, avec de drôle de lunettes chaussées sur le nez. Sur chaque verre, une sorte de loupe optique, comme des objectifs d’appareil photo. Le médecin semble trifouiller quelque chose, au milieu des champs stériles tendus.

La caméra s’approche. Les champs stériles verts sont disposés autour de l’ouverture béante d’un crâne. Le chirurgien retire, triomphant, son aspirateur chirurgical, qui a englouti une masse noire compacte, comme du vieux chocolat à tartiner séché.

Des sanglots. Je tourne ma tête. Tiens donc, mademoiselle Hideuse fait son come-back. Pas vraiment glorieuse, elle fond en larmes devant ces images. Je décide de la narguer.

« Ca me fait plaisir de voir les progrès de la médecine sur petit écran pas toi ? »

Elle me lance un regard noir.

« Si tu crois vraiment que je vais te laisser tranquille, tu te leurres complètement mon p’tit Bruno. »

A mon tour de frissonner. Tous les méchants disent ça, dans les bouquins, les dessins animés, les films. Même dans la défaite la plus écrasante, même devant l’éclatante supériorité de leur adversaire, ils ne peuvent s’empêcher une réplique qui les couvre de ridicule. Nous sommes dans mes rêves après tout. Je ne pouvais pas m’attendre à une autre réaction de sa part.

« Sûrement. En tout cas, tu étais seule contre la médecine de 2007 et moi. On sait en faire des choses, nous autres humains tu sais. »

Elle peut sûrement palper ma confiance en mes propos. Elle se renfrogne, accentuant la tension entre nous. Je me prends à contempler mon adversaire vaincu. Ces écailles noires aux reflets irisés, ce crâne chauve, ces grands yeux reptiliens, tout ce corps immonde habillé d’une robe victorienne de couleur lis de vin qui donnait presque du charme à ce simulacre d’humaine…

J’ai déjà envie de filer, alors que le chirurgien de la télévision plaisante sur la teneur du repas de midi avec ses collègues, sous le regard revanchard de la créature.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

c'est impressionnant ta façon d'écrire, c'est trés prenant ... j'espére que tu continueras... je suis loin d'avoir ton don pour écrire .. continue d'en faire profiter les autres ... ton expérience et tes réflexions en intéresseront plus d'un ....
J'attend la suite ... ;)
Bises K@rine

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